Les pleurotes, c’est dans la boîte

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Marc de cafe pour cultiver des champignons dans un container champignonniere, projet U-FARM

Valoriser le marc de café des bars et des distributeurs dans la culture des pleurotes (Pleurotus ostreatus), c’est l’idée que développe UpCycle, entreprise labellisée ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale), dépositaire de la marque La Boîte à Champignons.

Si le marc de café sert parfois à lire l’avenir, il offre aux pleurotes un destin tout tracé. Adeptes de l’agriculture urbaine et de l’économie positive, Arnaud Ulrich et Grégoire Bleu explorent ce matériau ultra-cellulosique pour faire pousser 500 kilos de pleurotes chaque semaine, dans des locaux spécialement aménagés au cœur du marché de Rungis. UpCycle s’inspire d’une pratique couramment observée dans les pays de l’hémisphère sud, où le moindre déchet organique est réutilisé pour enrichir à moindre coût les sols dédiés à l’agriculture vivrière. Le marc de café est d’autant plus indiqué pour la culture des pleurotes qu’il nécessite deux fois moins d’eau qu’un substrat classique. « Il en naît un champignon avec plus de matière sèche et donc plus croquant que celui qui pousse dans la Nature », appuie Arnaud Ulrich.

Personnes en insertion

A sa création en 2009 par Cédric Péchard, UpCycle portait le projet de connecter entre eux les systèmes agricoles, où les sous-produits des uns sont réinvestis dans la culture des produits des autres. Cet engagement zéro déchet a perduré au fil de l’évolution de l’entreprise, qui récupère aussi copeaux de bois et fourrages excédentaires pour nourrir le mycélium de ses pleurotes. Les substrats épuisés retournent ensuite amender les terres agricoles des localités voisines sous forme de compost. Intégrant la démarche RSE, UpCycle marque sa préoccupation sociale en employant des personnes en insertion pour la transformation du résidu de la percolation. La récupération est quant à elle confiée à une entreprise spécialisée. « Une à deux tonnes sont collectées chaque semaine dans la région parisienne », évalue Arnaud Ulrich, auprès d’un réseau croissant d’entreprises (via les machines à café), de bars et de restaurants.

Le pleurote s’invite dans l’entreprise

Autant de fournisseurs de matière première peuvent aussi devenir clients d’UpCycle, et c’est là toute l’originalité d’une partie de son business model. La startup propose en effet aux entreprises des « crédits pleurotes » : un abonnement mensuel qui inclut le service de récupération du marc, l’organisation d’animations autour du champignon et de l’économie circulaire, et la distribution de kits de culture aux salariés. « Une soixantaine d’entreprises ont déjà adopté notre protocole. Elles ont compris que le pleurote participe à la QVT  », se réjouit Arnaud Ulrich. UpCycle s’adresse également aux bailleurs sociaux pour construire avec eux des caves de culture de pleurotes partagées. Une manière de récréer du lien autour d’un projet concret et gourmand. Enfin, l’entreprise soutient les maraîchers en leur offrant les moyens techniques de développer eux-mêmes la culture du pleurote,  en complément de leurs ressources habituelles.

Innerver les territoires

Pour l’heure, UpCycle réalise la majeure partie de son chiffre d’affaires (1,5 M€ en 2019, soit un doublement par rapport à 2018) grâce à la vente de ses Agaricales. En direction du grand public d’abord, à travers ses kits sous la marque La Boîte à Champignons, distribués par des magasins tels que Monoprix et Nature & Découvertes. Auprès des grandes tables ensuite, qui apprécient la chair ferme et suave de ces pleurotes « Montecristo ». Parmi ses prochains défis : réussir à casser la saisonnalité de la demande, plus marquée l’hiver, pour écouler ses productions de manière plus fluide toute l’année. Et surtout investir dans les territoires pour imprimer sa logique d’accompagnement des économies vertueuses, à travers la France et même à l’étranger. 

www.laboiteachampignons.com